Par le Dr Stéphanie Dal
Les mesures hygiéno-diététiques sont le premier pilier de la prise en charge des patients diabétiques, avant même la mise en place d’un traitement médicamenteux. Elles permettent d’éviter des modifications importantes de la glycémie, de diminuer l’insulino-résistance (inefficacité de l’insuline de notre corps) et de perdre du poids, afin de limiter le développement de complications diabétiques. Pour cela, un contrôle de l’alimentation est mis en place afin d’éviter la consommation excessive de graisses dites saturées, de produits trop sucrés ou alcoolisés. Le mode de préparation et de cuisson, la nature, la qualité et la quantité des aliments consommés sont essentiels dans cette prise en charge et font de notre alimentation un allier indispensable.
Sa richesse, outre nutritive, par un apport de molécules bioactives (vitamines, polyphénols…) possédant des propriétés antioxydantes, est en effet un réel atout dans la prévention des maladies chroniques (obésité, diabète, maladies cardiovasculaires, cancers…) dont l’importance de celles-ci ne saurait être sous-estimée.
De récents travaux nous ont déjà permis de démontrer l’intérêt de l’utilisation de composés naturels (polyphénols de vin rouge et de thé vert) dans la prévention des complications du syndrome métabolique. Les fruits et légumes riches en fibres, vitamines, minéraux et polyphénols, ayant une activité antioxydante, seraient associés à un risque réduit de maladies cardio-métaboliques avec un effet protecteur sur les vaisseaux sanguins. Deux études réalisées en 2008, un projet européen l’ISA-FRUIT et l’EPICNorfolk, ont démontré une corrélation inverse entre la consommation de fruits et légumes (non transformés) et l’apparition de l’obésité et du diabète de type 2. Depuis quelques années les différents plans de santé publique associent notamment la consommation de fruits et légumes aux règles hygiéno-diététiques.
Nos résultats obtenus dans le cadre du projet EVA « EVAluation du pouvoir antioxydant des aliments et recherche de leurs effets modulateurs sur le stress oxydant dans le cas du diabète », alliant chimie et biologie, ont permis d’identifier des fruits et légumes cultivés en Alsace présentant des propriétés antioxydantes intéressantes, protectrices face aux stress métaboliques induits sur les cellules du pancréas, dont le chef de file est le chou rouge.
Le chou rouge est un légume de la famille des brassicacés ou crucifères. Consommé en salade, en boisson ou cuisiné, il fait partie intégrante de l’alimentation dite Méditerranéenne. Nous avons pu démontrer sur un modèle de rats diabétiques (induit par une alimentation riche en graisse et en sucre associée à la sédentarité) que sans changement d’alimentation, le chou rouge est capable de ralentir certaines complications diabétiques. En effet, l’enrichissement de cette nourriture dite « fastfood » en chou rouge permet de ralentir les complications au niveau du foie (accumulation de graisse ou stéatose) et au niveau des vaisseaux sanguins. En revanche, les glycémies à jeun ne sont pas modifiées.
Dans notre seconde partie d’étude, la mise en place de mesures hygiéno-diététiques (remplacement de la nourriture «fast-food » par une nourriture dite « normale ») a permis de diminuer les hyperglycémies à jeun et l’intolérance au glucose ainsi que les complications hépatiques. Les mesures hygiéno-diététiques n’ont pas démontré d’effet protecteur face aux complications vasculaires. En revanche, l’enrichissement de celles-ci avec du chou rouge a permis très rapidement de supprimer à la fois les complications hépatiques et vasculaires tout en normalisant les glycémies à jeun et la tolérance au glucose. Le projet EVA a ainsi permis de conforter la nécessité d’une prise en charge hygiéno-diététique dans le cadre du diabète de type 2 mais également de montrer qu’y associer le chou rouge permet d’amplifier et de maintenir les effets protecteurs grâce à ses composés bioactifs. Ces derniers sont présents dans le chou rouge cru (comme étudié ici chez l’animal) mais également lors de sa cuisson (étudiée en chimie).
Le traitement du diabète de type 2 est aujourd’hui complexe, tant au niveau de la mise en place du traitement que de son suivi par le patient. De plus, face à certaines complications (ex. la stéatose hépatique), les professionnels se retrouvent confrontés à un « désert thérapeutique » malgré le large panel médicamenteux à disposition. Associer les bienfaits de composés bioactifs antioxydants tels que le chou rouge dans notre alimentation, permettrait ainsi d’apporter une approche thérapeutique simple et bénéfique pour le patient.
Pour tous en prévention associé à un équilibre alimentaire et une activité physique. En association avec la prise en charge thérapeutique chez le patient diabétique
Notre étude a démontré les effets bénéfiques sur les animaux pour le chou rouge cru MAIS nos analyses chimiques montrent le même pouvoir antioxydant après cuisson. Le chou rouge fermenté apporte également des molécules antioxydantes mais d’intensité moindre.
Les effets observés dans cette étude correspondent à 10% de l’alimentation / jour soit ¼ de chou rouge / jour. Nos futures études permettront de déterminer plus précisément le mode de consommation adéquat.
Les effets bénéfiques observés avec le chou rouge sont dépendants des antioxydants qu’il contient : les polyphénols (donnant la couleur rouge). Les autres types de choux présentent de faibles quantités de polyphénols et un pouvoir antioxydant beaucoup plus faible
Le chou est proscrit de l’alimentation lors de traitement par anti-vitamine K. Le chou rouge est celui qui en contient le moins. Les analyses chimiques sont en cours pour déterminer la quantité de vitamine K contenue dans le chou rouge.
Source :
Lettre Information Diabète Santé du CeeD - Hiver 2017
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