Rémission du diabète de type 2 et prévention des complications après chirurgie de l’obésité

Par le Pr Michel PINGET, diabétologue - Mai 2023


L’impact de l’obésité sur la santé et les relations entre obésité et diabète de type 2 (DT2) sont connues de longue date.


Il est notamment bien établi, aujourd’hui, que :

  • L’obésité est un facteur favorisant de l’apparition et l’évolution d’un DT2.
  • Une réduction, même modeste de l’index de masse corporelle (IMC = Poids (k.) / Taille 2 (m.)), est essentielle à la prise en charge d’un sujet obèse (IMC > 30) porteur d’un diabète de type 2, plus encore à la prévention de la maladie.
  • La chirurgie bariatrique (sleeve-gastrectomie ou by-pass en Y) est la technique la plus efficace pour induire une perte de poids importante et durable, même la seule lorsque l’obésité est ancienne.
  • Il existe des preuves fortes de l’efficacité de cette stratégie thérapeutique, comme le montrent la réduction de 49,2 % du risque de mortalité et l’augmentation de 6,1 ans de l’espérance de vie induites par ce geste chirurgical, prouvées dans une méta-analyse concernant 170 000 obèses, publiée dans le Lancet en 2021.
  • Dès l’intervention chirurgicale, on assiste à une amélioration significative de l’équilibre glycémique, mais aussi de la charge tensionnelle et des troubles métaboliques, avant même que la réduction pondérale n’ait commencé.


Dans ce contexte, les Professeurs Patrick Ritz et Hélène Hanaire ont analysé l’effet de la chirurgie bariatrique sur l’évolution du diabète 2, dans un article publié en ligne, le 24 février 2023, dans la revue Diabétologie Pratique*.


Ils rapportent que la chirurgie de l’obésité est particulièrement bénéfique chez les obèses porteurs d’un diabète de type 2, avec une réduction de 59 % du risque de décès et une augmentation de l’espérance de vie de 9,3 années. Ils rapportent une autre étude qui montre que, 10 ans après un acte de chirurgie bariatrique, 37,5 % des sujets opérés sont en rémission de leur diabète et surtout 93 % des complications chroniques du DT2 ont été évitées.


Ils s’intéressent particulièrement à la fréquence de rémissions, évaluée dans une grande analyse regroupant 7 110 DT2 suivis pendant 5 ans, à 63 %, avec un taux moyen de récidive au décours de 30 %. Toutefois il existe des différences dans ce taux de rémission dans des études de moindre importance, 2 études françaises rapportant elles un taux de rémission de 50 % entre la 4ème et la 10ème année de suivi, 12 à 20 % des sujets récidivant au décours.


Les facteurs favorisant la survenue d’une rémission sont :

  • le type de chirurgie, le by-pass en Y étant de meilleur pronostic
  • la durée du diabète, inférieure à 5 ans
  • l’équilibre du diabète, avec une HbA1C inférieure à 7 %
  • un traitement facilité par la persistance d’une sécrétion d’insuline et ne nécessitant pas d’insulinothérapie
  • une obésité importante, responsable d’une insulino-résistance
  • l’importance de la perte de poids après chirurgie.
  • Les auteurs concluent en proposant une définition simple de la rémission, caractérisée par un taux d’HbA1C strictement inférieur à 6,5 % pendant au moins 3 mois et sans aucun traitement. Si l’HbA1C n’est pas interprétable, le critère sera une glycémie après une nuit de jeûne inférieure à 1,26 g/l.



Clairement cette étude montre l’importance de cette chirurgie sur l’évolution d’un DT2, dans certaines situations précisées ci-dessus. La chirurgie bariatrique n’est toutefois pas la panacée universelle et ne peut être entreprise qu’après une décision pluri-professionnelle. De même la survenue d’une rémission ne doit pas dispenser de continuer le suivi régulier du diabète.


Source :

https://www.diabetologie-pratique.com/journal/article/0041708-remission-diabete-type-2-apres-chirurgie-lobesite



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