L’Éducation thérapeutique du patient (ETP),

la bonne réponse à cette complexité thérapeutique

Le traitement des diabètes est un des traitements les plus complexes à mettre en œuvre, et à poursuivre dans le temps. À cela, il y a plusieurs raisons.


  • Le diabète est le modèle de la maladie chronique, la chronicité impliquant un traitement prolongé sur des années, souvent des dizaines. Un sujet porteur d’une maladie chronique ne peut adhérer à un traitement aussi longtemps que s’il en comprend le bien­fondé et qu’il s’en approprie la gestion. Il est donc important que le patient participe au choix thérapeutique avec son soignant, ce que l’on appelle la décision partagée. Cette notion de décision partagée introduit une notion également essentielle dans le succès du traitement d’une maladie chronique, celle de la personnalisation du traitement. Chaque diabétique est un cas particulier et justifie un traitement « à la carte ».
  • De même, le médecin peut céder à la facilité, devant les multiples consultations avec ce sujet, également dans le contexte de surcharge actuelle de travail qui est le sien, à parfois limiter son intervention au renouvellement de ses prescriptions. Or, la base du suivi d’une maladie chronique est l’évaluation de la progression de la maladie et de l’efficacité thérapeutique, ce qui n’est pas naturellement spontané chez un malade qui consulte plusieurs fois dans l’année.
  • L’efficacité du traitement, notamment dans la prévention des complications, n’est pas lisible à court terme. Il faut parfois des dizaines d’années pour voir le bénéfice d’un bon équilibre glycémique versus une prise en charge moins efficace, comme le montrent les grandes études mises en œuvre à la fin du xxe siècle et dont les résultats ne sont connus que depuis un peu plus de 10 ans, les principaux résultats ayant été publiés en 2008. Ceci n’est pas terriblement motivant pour tout patient, surtout les adolescents.
  • La base du traitement est l’instauration d’une hygiène de vie, basée sur l’équilibre alimentaire et l’activité physique, ce qui n’est pas facile notamment chez les diabétiques de type 2, volontiers concernés par la malbouffe et la sédentarité ou l’inactivité. Une des manières de parvenir à obtenir ce changement de comportement est l’entretien motivationnel, auquel les soignants devraient être formés.
  • Une personne diabétique ne peut gérer un traitement que s’il en com­ prend les raisons et les objectifs et s’il peut le gérer de manière totalement autonome. Pour cela, il est souhaitable qu’il ait un minimum de connaissances sur la maladie et son traitement (le savoir), qu’il soit capable de se l’administrer tout seul, notamment en cas de traitement par injections (le savoir-­faire) et, finalement, de définir un mode de vie aussi proche que possible de celui attendu, tout en respectant la personnalité du sujet, gage de sa qualité de vie (le savoir-­être). Le point de départ de cette démarche éducationnelle est le diagnostic éducatif, qui permet d’évaluer le niveau de maîtrise de la maladie par le sujet.


Décision partagée, personnalisation du traitement, entretien motivationnel, savoir/savoir­-faire/savoir­-être, diagnostic éducatif sont quelques mots d’une nouvelle approche de la prise en charge de la maladie chronique, dénommée l’Éducation thérapeutique du patient (ETP), dans laquelle le médecin n’est pas que le prescripteur, mais d’abord celui qui accompagne le patient et le soutient par des messages de motivation, en évitant notamment les jugements négatifs.

Référence :  Le diabète: Mieux le comprendre pour mieux vivre. Michel Pinget, Michel Gerson. John Libbey Eurotext, 6 janv. 2022.

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