Le contexte mondial

La journée mondiale du diabète, le 14 novembre, est devenue traditionnellement celle de la réactualisation des chiffres du diabète. Celle-ci est réalisée au niveau mondial et européen par l’International Diabetes Federation (IDF) qui communique une nouvelle version de son Atlas du diabète. 


carte chiffres diabète


Le nombre de diabétiques (de type 2) continue d’augmenter

Les données de prévalence (nombre de sujets diabétiques et pour­centage par rapport à la population générale de même âge) restent impressionnantes.

Rappelons qu’en 2000 on dénombrait, sur la tranche d’âge 20­79 ans, 151 millions (M) de diabétiques sur la terre, chiffre qui est passé en 2009 à 285 M, soit une progression de 88 % en moins de 10 ans. Les prévisions faites alors par l’OMS annonçaient un chiffre de 438 M pour 2025.

Or, en 2019 nous sommes déjà à 463 M, (9,3 % de la population adulte), soit 25 M de plus que ce qui était annoncé pour 2015. Il faut y ajouter le 1,1 M de diabétiques de moins de 20 ans (type 1 et 2).


chiffres diabète


Les prévisions aujourd’hui annoncent 578 M de sujets atteints en 2030 et 700 M en 2045. On est en droit de penser que, malgré un léger ralentissement actuel, ces prévisions sont sous­-estimées. L’idée du milliard de patients au cours de la 2e moitié de ce siècle est hautement plausible.

Le diabète de type 2 est le grand responsable de cette progression, dont les facteurs responsables sont complexes, socioéconomiques, démo graphiques, environnementaux et génétiques.

 

Ces facteurs sont le plus souvent associés à une urbanisation de l’habitat et expliquent la fréquence beaucoup plus grande du diabète en milieu urbain (10,8 %) qu’en milieu rural (7,2 %), même si la prévalence en milieu rural tend à augmenter très rapidement.


"Ce sont notamment les nouveaux paradigmes du mode de vie qui expliquent cette progression, avec une alimentation non respectueuse de la santé, une inactivité physique de plus en plus présente qui, avec le stress, ont pour conséquence la progression de l’obésité et du diabète."

Un problème de santé publique, en même temps qu’un handicap invisible pour le patient

Nul n’ignore qu’un diabète mal équilibré peut favoriser l’apparition de complications dont les plus redoutables restent les complications cardiovasculaires, largement responsables de la surmortalité constatée dans la population diabétique.

 

Le diabète est aujourd’hui retrouvé dans 11,3 % des décès, toutes causes confondues, et directement responsable de 4,2 M de morts dans le monde, dont près de la moitié avant l’âge de 60 ans.

L’International Diabetes Federation (IDF) rappelle qu’un diabétique décède toutes les 8 secondes dans le monde.


Force est de constater que des complications peuvent survenir même chez des diabétiques bien équilibrés (impact de la génétique) mais sont le plus souvent la conséquence d’une prise en charge trop tardive de la situation. Près de la moitié des 463 M de diabétiques dans le monde ignorent leur maladie, ce qui rend encore illusoire dans nombre de cas la mise en œuvre de mesures préventives.

Ces chiffres ne reflètent pas l’impact de la Covid­-19 sur l’état de santé des diabétiques, notamment la mortalité. Cela est normal, puisque ce drame sanitaire s’est surtout exprimé en 2020. Force est de constater, alors que les diabétiques ne sont pas plus souvent contaminés que la population générale, le diabète de type 2 grave (et non le type 1) prédispose à développer des formes sévères (10 à 20 % d’entre elles surviennent chez des diabétiques) et surtout des formes mortelles (un diabète est retrouvé dans 30 % des cas de décès). Par diabète de type 2 sévère, on entend un diabète associé à d’autres pathologies (HTA, obésité, syndrome d’apnées du sommeil) ou ayant déjà conduit à des complications cardiovasculaires.

 

Des dépenses de santé en augmentation

Rappelons que les dépenses de santé imputables au diabète atteignaient 325 milliards (Mrd) de dollars en 2009. Ce chiffre est passé à 725 en 2019, soit un doublement au cours des 10 dernières années. Les pré­visions faites à partir de cette évolution (en sachant qu’en 2000 ce coût était de 200 Mrd) annoncent un coût du diabète en 2045 de 850 Mrd.


En moyenne, elles représentent 12 % de l’ensemble des dépenses de santé, variant selon les pays entre 2 et 19 %. La charge financière imputable au diabète (avant tout pour les complications et notamment les hospitalisations qui en découlent) dépasse les 300 milliards de dollars en Amérique du Nord et atteint les 130 Mrd en Europe, dont 19 en France.


C’est pour la prise en charge des patients dont l’âge est compris entre 70 et 79 ans que les dépenses sont les plus élevées. Ceci est un peu normal, puisque c’est dans cette tranche d’âge que l’on trouve la plus grande fréquence de diabétiques par rapport à la population générale, fréquence croissant régulièrement depuis la soixantaine mais décroissant à partir de 80 ans.




Référence : 

Le diabète: Mieux le comprendre pour mieux vivre. Michel Pinget, Michel Gerson. John Libbey Eurotext, 6 janv. 2022.

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