Alimentation

Une modification de la consommation

Par Céline Distel-Bonnet, diététicienne au réseau de santé Pôle APSA



Nous constatons ces dernières années un changement des habitudes des consommateurs et consommatrices concernant l’achat les denrées alimentaires ; une tendance qui concerne autant le lieu d’approvisionnement que le type de produit.

Concernant les lieux d’achat, on note une diminution de la fréquentation des grandes surfaces. Le temps accordé à l’approvisionnement tend à diminuer et la clientèle ne veulent plus passer des heures dans les rayons des super­ marchés. Ainsi, alors que les uns décident de faire leurs courses durant la pause déjeuner, d’autres privilégient les achats sur Internet afin d’optimiser leur temps. Les consommateurs s’orientent désormais plus facile­ ment vers les magasins de proximité, ou encore, se fournissent volontiers auprès des services de « drive » proposés par certaines grandes enseignes.

Ce constat a été exacerbé par la crise sanitaire liée à la Covid­-19 lors du premier confinement de mars 2020.

Cette période a été favorable à la grande distribution du fait de la fermeture des autres circuits d’approvisionnement ainsi que des marchés dans un premier temps. Néanmoins, les Français et les Françaises ont opté de privilégier les circuits « sans contact » : online, drive, avec une augmentation de 50 % des livraisons à domicile.


La tendance à privilégier les petites surfaces de proximité s’est également confirmée.

Autre forte tendance : l’augmentation de la part de consommation des produits issus de l’agriculture biologique et/ou locaux. Ceci s’expliquerait par la forte volonté de certains consommateurs à acheter moins, mais mieux. Ainsi, selon l’étude OpinionWay par Max Havelaar France, « 81 % des Français privilégient les produits responsables dans leurs achats alimentaires ».

Parmi les produits proposés comme responsables, les produits locaux sont le plus consommés.

C’est une tendance qui semble également renforcée par la crise sanitaire. Acheter « local » ou « français » figure en tête de bonnes résolutions du peuple français. D’après une enquête IFOP réalisée en avril 2020, « 82 % des Français déclarent vouloir continuer à acheter plus de produits locaux après la crise. »

Mais acheter français serait également, selon les sondés, une expression de solidarité avec les productrices et producteurs français mis en difficulté pendant la crise (89 %) et plus largement, une contribution et un soutien à l’économie française (87 %).


Ces modifications ne sont cependant pas similaires à l’ensemble du territoire :

  • certaines campagnes ne profitent pas d’un aussi grand choix que les grandes villes ;
  • les moyennes et grandes surfaces restent ainsi un endroit apprécié en campagne ;
  • le rapport/qualité prix reste également une notion étroitement corrélée au revenu des foyers.

En effet, indépendamment des intentions d’achat récoltées, il est difficile de conclure avec certitude sur la pérennité après la crise des tendances de consommation préexistantes. Un certain nombre de facteurs peut jouer sur l’adoption de ces nouveaux comportements. Ces freins peuvent être de diverses natures : le temps disponible, les craintes sanitaires ou alimentaires, le poids des habitudes ou la volonté de les reprendre, l’organisation du travail et de la vie quotidienne…


Mais un élément est évoqué systématiquement dans les analyses et pronostics des cabinets d’études pour l’après­-Covid : la pression sur le pouvoir d’achat des Français et des Françaises dans un contexte de crise économique.

Il faudra certainement un peu de recul pour définir si ces nouveaux comportements seront définitivement adoptés.

Aujourd’hui, le consommateur semble déplacer ses priorités sur l’aspect qualitatif des produits qu’il achète, mais aussi sur son acte de consommation plus responsable « consommer moins, mais mieux ».

Source :

Lettre Information Diabète Santé du CeeD - Décembre 2018


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